O-senseï – Corrections et précisions

Après un court instant de joie pure, suite à la sortie récente de mon dernier ouvrage, il est temps de parler des choses qui fâchent… Les erreurs !

Car, bien que cet album n’ait jamais eu prétention à servir de base documentaire historique et technique, ces aspects ne pouvaient être totalement éclipsés pour raconter la philosophie de vie du grand maître Ueshiba.
Malgré de longues recherches pour m’assurer que je ne distordais pas le propos, il semble que j’aie par ailleurs accumulé pas mal de petites erreurs sur les autres aspects. Erreurs qui m’ont malheureusement été signalées bien trop tard pour changer quoi que ce soit à la première édition de l’ouvrage…
Je vais donc ici tenter de rattraper un peu le tir, afin de redonner un peu plus de rigueur historique au tout.
Pour ceux qui voudront une version plus objective de ces correctifs, je vous invite à lire cet article résumant le problème et imprécisions de la BD.

Je tiens toutefois à préciser que tout ce qui concerne les aspects spirituels et philosophiques a, pour le coup, été longuement étudié. Ces sujets ne devraient donc pas contenir d’erreurs majeures et représenter de façon plus fiable le message et la pensée de Moriheï Ueshiba. Car tels étaient ma volonté première et mon véritable sujet. Gardez toutefois à l’esprit que personne n’arrive à garantir une compréhension totale desdits propos. Remettez donc les choses en cause si vous souhaitez creuser ce sujet aux infinies ramifications.

Techniques, et postures :
– Malgré une volonté d’évoquer plus que de montrer ces détails extrêmement subtils des arts martiaux et de la tradition japonaise, quelques positions et mouvements erronés ont réussi à s’infiltrer (gardes, attaques, tenues de sabre, habits, etc). Cet album n’est donc bien sûr, pas à prendre comme un manuel technique. Si vous souhaitez creuser réellement l’étude de ces aspects, rien ne vaut la littérature spécialisée (le Budo de M.Ueshiba en tête) et la pratique sur tatami. Je prie les spécialistes, qui ne manqueront pas de grincer des dents face à ces problèmes évidents, de m’excuser…


Dialogues :

– Bien que j’aie depuis longtemps porté intérêt à la culture japonaise, je suis encore loin d’en comprendre toutes les subtilités. Les dialogues sont donc parfois “occidentalisés”, ne traduisant certainement pas tout à fait la façon dont les personnages s’adressaient les uns aux autres. L’essentiel reste ici encore le contenu de leurs discours, mais il semble par exemple que la façon dont M.Ueshiba s’adresse à O.Deguchi manque justement de cette notion de respect si dure à traduire (car respect immense et obligatoire il y avait).

Biographies finales et chronologie (là où le bâts blesse) :
Ici, la liste est longue… La faute à un manque de connaissance de ma part et une documentation bien trop basée sur l’Internet et ses fameux pièges et contresens. Cette section est d’ailleurs exposée à des mises à jour régulières, à mesure que j’en découvrirai les failles.
Biographies-
– Takeda n’a jamais remis le Menkyo (et non Menkyon) Kaiden a Ueshiba mais le Kyoju Dairi.
Frise chronologique-
– 1912 : Shirataki (et non Shiritaki)
– 1917 : La notion de degré en Daito-ryu n’avait pas lieu d’être à l’époque. Il est seulement avéré que Ueshiba a suivi trois stages complets, rien de plus.
– 1922 : Kyoju Dairi (et non kyori dairi)

– 1924 : L’influence des arts martiaux chinois sur l’aïkido d’Ueshiba, un sujet complexe qui divise encore aujourd’hui les spécialistes.
Mon erreur principale est ici d’avoir évoqué la chose au mauvais endroit. Selon certains, Ueshiba aurait à l’époque de son voyage en Mandchourie (aux côtés de Deguchi) appris techniques et philosophies chinoises avec des maîtres locaux. Car selon quelques observateurs, les mouvements de l’aïkido peuvent sembler issus de ceux de certains arts martiaux chinois. Mais cette théorie parait hautement improbable tant cette période fut courte et chargée en événements (on voit mal Ueshiba y prendre le temps d’y suivre un enseignement en parallèle). La chose est en tous cas impossible à prouver, aucune trace d’un tel échange n’ayant été retrouvée.
Il me semblait toutefois crédible qu’un pratiquant aussi talentueux et rapide en apprentissage ait pu puiser dans les mouvements vus lors de combats ayant eut lieu durant cette période. Mais je me suis ici laissé porter par mon imaginaire et mon interprétation, là où il aurait fallu exiger bien plus de preuves avant d’en parler.
Car il est également très probable que ces influences aient été puisées lors d’apprentissages au Japon, et non lors dudit voyage. Il est même possible que ce rapprochement soit totalement fantasmé, les bases de l’aïkido étant quasi-intégralement affiliables aux techniques et préceptes du Daito-ryu.
Pour ceux qui souhaiteraient creuser la question, je vous renvoie vers cet article expliquant bien plus en détails les tenants et aboutissants du débat.

– 1942 : Ueshiba ne refuse pas de rejoindre le Dai Nippon Butokukai, il ne fait que s’en éloigner géographiquement (départ à Iwama). Il garde contact avec cette “Association des Arts Martiaux du Grand Japon” par le biais d’Hirai Minoru, chargé de le représenter sur place. C’est d’ailleurs le Butotukai qui sera à l’origine du choix du nom Aïkido (accepté plus tard par Ueshiba).
– Ueshiba ne “reçoit” pas le titre O-senseï, il s’agit juste d’une façon de parler, et non d’un titre officiel.
– Il n’y a pas d’Hombu Dojo d’Iwama. L’Hombu Dojo se trouve à Tokyo, et le sanctuaire de l’aïkido à Iwama.

Bref, vous l’aurez compris, il vaut mieux ne pas partir de cette BD pour écrire un exposé ou garantir votre connaissance du sujet…
Vérifiez, creusez et questionnez. Et remettez ensuite le tout en cause !
Ce travail n’est qu’un modeste point d’accès artistique vers un sujet profond, complexe et sérieux.


J’en profite pour remercier ici Guillaume Erard pour sa patience et ses retours rigoureux ayant permis cette remise au clair.

Et n’hésitez pas à revenir ici de temps en temps pour voir si les informations ont évolué.

3 Commentaires

  1. Lectures sur le thème des arts martiaux | Geeksleague
    24 octobre 2016

    […] recherché. Il a également eu l’honnêteté et le sérieux de publier un texte intitulé « O Sensei – Corrections et précisions » où il explique sa démarche et présente les erreurs contenues dans sa […]

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    22 mars 2018

    […] le dessinateur Edouard Cour m’a contacté, car il avait une question historique à me poser au sujet d’une BD […]

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    24 mars 2018

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